L’Union européenne n’a pas les moyens financiers pour aider l’Ukraine. Pour la première fois depuis le début du conflit,  les dirigeants de l’UE ont abordé le conflit sous l’angle de la difficulté de conserver le soutien de leurs citoyens,  choqués par l’envolée de leurs factures de gaz et d’électricité provoquée par l’arrêt des fournitures de la Russie. Et le pire est à venir avec les restructurations et les faillites annoncées.

La présidente de la Commission européenne s’est beaucoup avancée lors de sa conférence de presse de fin de sommet avec l’annonce de l’octroi de 1,8 milliard d’euros d’aide financière chaque mois pendant  l’année 2023 par l’UE .  « Cela donnera donc un chiffre global de 18 milliards pour l’année prochaine », a lancé Ursula von der Leyen. Sauf qu’il n’y aucun accord des 27 pour cela, a affirmé un participant, surpris par cette annonce.

Les dirigeants de l’UE ont en fait peu parlé de l’Ukraine. Ils ont  écouté l’intervention en visio-conférence du président Volodymyr Zelensky au début de leur réunion jeudi et se sont ensuite affrontés pendant dix heures pour trouver un accord sur les moyens de réduire les prix du gaz et de l’électricité. Il a été annoncé vers 02H00 du matin vendredi, et le signal politique a eu son effet. Les prix ont baissé le jour même de 10% sur l’indice « Title Transfer Facility » (TTF), un marché virtuel aux Pays-Bas sur lequel des expéditeurs et des acheteurs s’échangent du gaz, ont annoncé le Français Emmanuel Macron et l’Italien Mario Draghi lors de leurs rencontres avec la presse.

Mais rien n’est joué. « Je serai content quand les mesures approuvées seront mises en oeuvre et quand les factures baisseront. Pas avant », a commenté le Belge Alexander De Croo, toujours très terre a terre. « Il est important de conserver le soutien de nos populations pour les efforts qui leur sont demandés » afin d’aider l’Ukraine, a-t-il averti.

Or « le pire est devant nous d’un point de vue social avec les restructurations et les faillites annoncées à cause de l’effet dévastateur des prix du gaz », a confirmé un autre responsable européen.

Aucun accord n’a donc été trouvé pour une aide financière à l’Ukraine lors du sommet . La dernière tranche des 9 milliards d’aide macro-éconmique , 3  milliards, est toujours bloquée sur la forme à donner à ce financement: des prêts ou des dons. Quand aux 18 milliards sortis de son chapeau par Ursula von der Leyen, les Etats membres attendent ses propositions pour les financer. « Voyons si Ursula von der Leyen, qui est opposée à un instrument d’endettement commun  pour aider les Etats membres à contrer les effets de la flambée des prix de l’énergie, va proposer un instrument d’endettement commun pour aider l’Ukraine « , a grincé un participant au sommet. Le « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi a fait son temps.