Le calvaire de l’Ukraine pour l’adhésion à l’Otan
Pas question de céder au défaitisme ambiant. L’Ukraine est membre de la famille de l’Union européenne et a sa place au sein de l’Otan. Mais le chemin de l’intégration sera long et il coûtera des milliers de vies, des souffrances et des destructions. C’est le tribut à payer pour la guerre voulue par Vladimir Poutine. Il est lourd. Les Ukrainiens vont-ils l’accepter ? Ils sont assurés de recevoir tout le soutien nécessaire des alliés de l’Otan pour reprendre les territoires de leur pays annexées par les Russes et, avec la victoire, d’obtenir une place à la table de l’Alliance.
« Une adhésion pleine et entière de l’Ukraine n’est pas possible en situation de guerre”. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a cassé les illusions entretenues par certains membres de l’Alliance lors de la première réunion mercredi du Conseil Otan-Ukraine organisée au niveau des ministres des Affaires étrangères depuis sa création au sommet de Vilnius en juillet.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kuleba n’a pas été surpris par ce rappel. Mais il a en compensation obtenu la réaffirmation du soutien “inconditionnel” des Etats-Unis et des autres membres de l’Alliance à l’effort de guerre de son pays et à son adhésion à l’Otan.
“L’Ukraine obtiendra tout ce dont elle a besoin pour reprendre ses territoires. Pas question de renoncer”, a assuré Antony Blinken. Même le Hongrois Peter Szijjártó, “tout en gueule” sur les réseaux sociaux dans son hostilité envers l’Ukraine, s’est montré “tout doux durant la réunion”, a confié un participant. Pas question de pousser Kiev à négocier avec Poutine et a céder la Crimée et le Donbass. Cette partition jouée par le Premier ministre hongrois Viktor Orban ne prend pas.
Dmytro Kuleba rentre à Kiev avec des devoirs à faire. L’Ukraine doit refondre son système d’achat d’armements de défense en coordination avec l’Otan et moderniser ses services de renseignements. “Cela va l’aider à être plus forte et à se rapprocher de l’Otan”, a insisté Jens Stoltenberg. « L’Ukraine rejoindra l’Otan lorsque les alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies », a rappelé Antony Blinken.
Les alliés fournissent de plus en plus d’armements lourds. Une coalition de 20 pays de l’Otan se charge de la défense anti-aérienne afin de protéger les villes et les infrastructures stratégiques contre les missiles et les drones russes. L’aval a été donné par Washington à la livraison d’appareil de combats américains F-16 par le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège. Les pilotes ukrainiens sont en formation et partiront avec les appareils une fois qu’ils les maitriseront. Les missiles de croisière britanniques et français permettent des frappes en profondeur contre des objectifs russes.
La Russie s’affaiblit. Les sanctions font mal. Elle n’a plus les revenus tirés de ses ventes de gaz et de pétrole aux Européens . Poutine hypothèque son avenir. Il doit se tourner vers la Corée du Nord et de l’Iran pour ses munitions et les drones et il s’est mis en état de dépendance avec la Chine pour les matières premières et les financements. La machine de guerre russe s’essouffle. 50% des territoires pris à l’Ukraine lors de l’invasion en février 2022 ont été repris. La flotte russe a été contrainte de se replier en Mer Noire, permettant l’ouverture d’un corridor maritime pour l’exportation de céréales par le port d’Odessa. Une source importante de revenus est ainsi restituée à l’Ukraine. L’armée russe a perdu des dizaines de milliers de soldats –Stoltenberg a avancé le chiffre de 300.000– et des milliers de chars et véhicules blindés.
Malgré ces énormes avancées, la contre-offensive ukrainienne n’a pas permis de percée et le doute s’infiltre dans les esprits occidentaux . « Si l’arrivée des F-16 va faire la différence, elle ne va pas seule changer la donne sur le champ de bataille », a reconnu le secrétaire général de l’Otan. « Il ne faut pas sous-estimer la Russie. Elle est en économie de guerre et Poutine n’a cure des pertes humaines. Il va utiliser les missiles pour frapper pendant l’hiver afin de plonger l’Ukraine dans le froid et le noir ».
“Nous devons nous attendre à de longs combats, très durs”, a-t-il averti . “Il est trop tôt pour parler d’une décision sur l’adhésion au sommet de Washington en juillet 2024”, a-t-il conclu.