L’Europe se réveille et se replie

L’Europe se réveille et se replie

Le réveil est douloureux. Un virus, le Covid19, a mis l’Union sur le flanc. Son économie souffre. Des emplois vont être perdus. Des citoyens vont mourir. Mais elle serre les rangs. Chacun à sa place, dans ses capacités. Sans esbroufe. La bataille est engagée. Consigne est donnée aux citoyens de rester à la maison. Priorité à la libre circulation des biens pour sauver des vies, soigner et surtout éviter les pénuries. Certaines cigales ont bien dansé. Elles déchantent maintenant.

Charles Michel, le président du conseil des dirigeants de l’UE, a préconisé la sincérité.

« La crise est sérieuse. Elle va être longue, difficile. Il faut être unis, disciplinés, respecter les consignes », a-t-il averti lundi après un week-end de folie et qui a vu la France organiser des élections municipales  lorsque l’Espagne suivait la décision de l’Italie de confiner sa population et neuf pays de l’espace Schengen –Allemagne, Autriche,Hongrie, République Tchèque, Pologne, Lituanie, Espagne et Suisse– fermer leurs frontières terrestres internes afin de « contenir l’expansion du coronavirus ».

« Nous devons faire en sorte que notre système de santé soit en mesure de se préparer à ce qui nous attend les jours et les semaines qui viennent », a ajouté Charles Michel. Le choc sera rude, a-t-il laissé entendre.

Les critiques fusent contre l’Europe impuissante, divisée, égoïste. Cette « ambiance mortifère » inquiète dans les capitales. Car l’Union se coordonne, et agit. Elle va interdire les voyages « non essentiels » vers le continent européen pendant 30 jours. Elle va faire jouer à plein la flexibilité pour le plafond des 3% en sortant du calcul des déficit publics les mesures financières accordées par les Etats pour soutenir les entreprises. Elle va limiter les exportations d’équipements de protection pour assurer l’approvisionnement de l’UE.

L’Union d’abord. C’est la réponse à Donald Trump qui a tenté de s’approprier un vaccin développé par un laboratoire en Allemagne et a fermé les frontières des Etats-Unis aux citoyens de l’UE.

La visioconférence est devenue le mode de consultation entre les dirigeants européens. L’épidémie effraie. Plus personne ne souhaite venir à Bruxelles pour des sommets interminables. Le Covid19 a éclipsé tous les autre sujets.

Boris Johnson, le Premier ministre britannique, pourrait bien obtenir par défaut le même statut que l’Australie pour sa relation commerciale avec l’UE, c’est à dire rien, car l’UE et l’Australie ne sont liés que par les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce, contrairement à ce qu’à imprudemment déclaré Ursula von der Leyen.

La nouvelle présidente de l’exécutif bruxellois a été remise à sa place: la direction d’une équipe chargée de plancher sur des solutions. L’institution propose et la crise fait émerger des personnalités, comme le Français Thierry Breton, familier des grands capitaines d’industrie, désigné par Paris pour prendre en charge la politique industrielle de l’UE.

Mais à quoi servent les efforts de Thierry Breton pour assurer la production des équipements de santé nécessaires si les composants nécessaires sont bloqués aux frontières, a déploré un responsable de la Commission. Ursula von der Leyen a donc proposé d’instaurer des voies vertes, des couloirs prioritaires pour les transports essentiels au sein de l’Union.

Un sommet européen en visioconférence a été organisé mardi par Charles Michel pour acter ces mesures. Mais il faudra aller plus loin. La généralisation du confinement est en discussion. Ce sera un des sujets de discussion. « Le sentiment est que ces mesures sont nécessaires », a confié un responsable européen. En France, le Conseil scientifique mis en place par le gouvernement recommande un confinement « à l’italienne ». Emmanuel Macron l’a imposé lundi soir « pour 15 jours » et a averti que « toute infraction sera sanctionnée ». La Belgique devrait suivre le mouvement. Elle s’y prépare. Mais le Premier ministre libéral des Pays Bas Mark Rutte refuse cette voie radicale. Comme Boris Johnson, il préconise le développement d’une « immunité collective », la « herd immunity », même si cela va prendre des mois .

Ce n’est pas à « Bruxelles » de décréter un confinement obligatoire.  « Chacun fait le point sur ses mesures nationales et une vue d’ensemble sera communiquée aux dirigeants. Nous avons juste besoin d’une meilleure coordination et d’un meilleur partage de l’information ».

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