Ukraine: l’appel aux armes

Ukraine: l’appel aux armes

Arrêter la guerre sans la faire, affaiblir Vladimir Poutine pour le contraindre à négocier, aider les Ukrainiens à contrer l’offensive russe. Les objectifs du soutien des Occidentaux à l’Ukraine sont clairs, mais certaines arrières pensées sont troubles et le conflit risque à tout moment de basculer.

« Des armes, des armes, des armes ». Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba répète ce message à chaque rencontre avec ses homologues des pays de l’Otan.  Le président Volodymyr Zelensky a renouvelé l’appel dans son adresse aux dirigeants du G7 réunis en sommet  les  26 et 27 juin au château d’Elmau en Bavière, au sud de l’Allemagne, et il va le répéter au cours du sommet de l’Otan les 29 et 30 juin à Madrid.

Aux 7, Zelenki a demandé  plus d’équipements militaires pour permettre à l’Ukraine de « contenir l’avancée de la Russie et repousser ses forces au-delà des lignes de février ».

Elles arrivent, mais trop lentement pour permettre faire la différence. « Nous avons besoin de 1.000 canons de 155 mm, 300 MLRS (systèmes lance-roquettes multiples), 500 chars, 2.000 véhicules blindés, 1.000 drones pour mettre fin à la guerre », avait annoncé Mykhaïlo Podoliak, le conseiller du président Zelinski, quelques jours avant une réunion des pays du groupe de contact pour l’Ukraine le 16 juin au siège de l’Otan à Bruxelles.

On est loin du compte. Mais l’armement devient de plus en plus sophistiqué: les canons automoteurs de 155 mm arrivent de France (18 CAESAr), d’Allemagne (7 Panzerhaubitze 2000), des Etats-Unis (18 M777) de Pologne, de Slovaquie. Conçus dans le cadre des normes Otan, avec un calibre standardisé de 155 mm, ils peuvent utiliser des obus de tous les pays membres de l’Alliance mais aussi des pays partenaires.

La Turquie a pour sa part vendu plusieurs dizaines de drones « Bayraktar TB2 », qui ont été d’une efficacité redoutable pour ralentir l’offensive russe. L’entreprise, co-dirigé par le gendre du président Recep Tayyip Erdogan,  a annoncé offrir trois de ses appareils à l’armée ukrainienne et a demandé que les fonds collectés pour leur achat  soient « remis au peuple ukrainien en difficulté ».

Une dizaine de système de lance-roquettes multiples pour des frappes en profondeur ont par ailleurs été promis par les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Et Washington envisage de fournir à l’Ukraine un système sophistiqué de missiles sol-air de « moyenne et longue portée », a fait savoir la Maison Blanche lors du G7.

« L’Ukraine a besoin de plus et nous nous engageons à fournir davantage. Plus de soutien militaire, plus de moyens financiers, plus de soutien politique », a affirmé le président du conseil européen Charles Michel dans son intervention durant le G7.

Moscou grince et accuse. « L’UE et l’Otan veulent faire la guerre à la Russie », a lancé le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov. Et le président russe Vladimir Poutine a haussé le ton avec l’annonce de la livraison au Bélarus « dans les prochains mois » de missiles capables de transporter des charges nucléaires ».

« Nous voulons arrêter la guerre sans faire la guerre », affirme le Français Emmanuel Macron.

Mais « l’Ukraine doit gagner la guerre », soutient Boris Johnson. « Les forces russes doivent être expulsées des régions d’Ukraine envahies », a affirmé le Premier ministre britannique dans un entretien accordé à un groupe de quatre quotidiens européens dont le français Le Monde avant la sommet du G7.

« Dans la mesure où les Ukrainiens peuvent être capables de monter une contre-offensive, elle devrait être soutenue par l’équipement qu’ils nous réclament », a-t-il ajouté.

Boris Johnson soupçonne le Français de privilégier une solution négociée pour arrêter la guerre et s’est dit au G7 opposé à toute tentative de régler le conflit maintenant, car « elle ne ferait que causer une instabilité durable et donner à Poutine le droit de manipuler les pays souverains et les marchés internationaux à perpétuité », a indiqué un porte-parole du gouvernement britannique.

La décision de négocier appartient à l’Ukraine, soutiennent les pays de l’UE. Mais « cette guerre se terminera à la table des négociations », a assuré le secrétaire général de l’Otan, ,le Norvégien Jens Stoltenberg.

« Le soutien militaire est un moyen de renforcer la position de l’Ukraine quand ils iront négocier. La question n’est pas si la paix est possible, mais le prix à payer, les sacrifices à faire pour rendre cette paix possible », a-t-il souligné.

Les négociations de paix sont encore lointaines, a averti le chancelier allemand Olaf Scholz. « Poutine croit encore en la possibilité de dicter la paix », a-t-il expliqué.

Volodymyr Zelenski a averti qu’il était hors de question de céder le sud du territoire ukrainien lors d’une visite sur le front à Mykolaev, dernier verrou avant le port stratégique d’Odessa. Mais ses forces perdent chaque jour une centaine d’hommes, selon le gouvernement, et Kiev a été la cible dimanche de tirs de missiles russes.  Moscou a ainsi rappelé sa capacité à frapper n’importe où sur le territoire ukrainien à la vieille du sommet de l’Otan.  De nouveaux tirs lundi ont frappé un centre commercial bondé dans le centre du pays.

« La guerre en Ukraine va durer des années », prédit Jens Stoltenberg. Et l’appel aux armes va se poursuivre.

 

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