Est-ce ainsi que l’on part ?

Est-ce ainsi que l’on part ?

AVC. Trois lettres terrifiantes pour un mal qui frappe sans crier gare. Mon ictus s’est manifesté d’un coup, par surprise, le lendemain de Noël, mais il ne m’a rien laissé. Juste un avis de passage, une grosse frayeur et la peur qu’il ne revienne  pour frapper à nouveau, plus fort. Un cadeau de fin d’année dont je me serais volontiers passé.

Lundi 26 décembre. Lendemain de Noël. Jour gris et pluvieux.  Petit déjeuner tardif. Journée planifiée. Les  assouplissements s’enchaînent bien, fluides lorsque, tout d’un coup, le bras gauche retombe,  gourd, inerte. La moitié gauche du visage se fige. Le redouté AVC vient-il de frapper ? Angoisse. Est ce ainsi que l’on part ? Sans dire au revoir, sans pouvoir embrasser les êtres chers ?   Je réussis à gagner un fauteuil et appelle. En vain. La  voix est inaudible, l’articulation difficile.

Quelques minutes plus tard, tout redevient normal. L’engourdissement s’est volatilisé. La voix et revenue et les mots avec. J’appelle mon médecin et coup de chance elle répond de suite.  Je lui décrit ce qui de m’arriver et elle me conseille de filer aux urgences les plus proches. Moins d’une heure après, un taxi me dépose à l’entrée des urgences de la Clinique de l’Europe, prédestinée pour un journaliste européen. Prise en charge rapide –toutes les données sont sur  la carte d’identité– et premières analyses. Un scanner et le diagnostic tombe:  ATI, pour accident ischémique transitoire. Il est plus volage que l’AVC, car il ne fait que passer sans laisser de séquelles. Mais il faut trouver le pourquoi de ce passage. D’où venait le caillot. L’important est de pouvoir rassurer mon épouse et ma famille .

Les, médecins décident de me garder en observation. Première nuit dans l’unité « stroke » du service neurologique au 5e étage. Quatre lits sur les six sont occupés. Un sommeil haché à cause de la   la lumière de  la salle de garde et de l’inconfort créé par les tuyaux qui me relient à l’appareils de contrôle. Il est ponctué par les passages de l’infirmière qui vous éveille délicatement pour procéder aux prises de sang afin de « vérifier les paramètres ». Le ballet est bien réglé, les gestes assurés, rapides, et la voix rassurante pour apaiser une patiente bien mal en point.

La traque de l’origine du caillot commence le lendemain avec un doopler,  puis une IRM de la tête. Au retour, le bloc s’est vidé. trois patients sont partis en chambres individuelles, mais un malheureux a intégré l’unité en fin de journée. Agé, il est très mal en point, victime d’une crise d’épilepsie et est plongé dans le coma.  Il nécessite une attention de tous les instants.

Une nouvelle nuit sous observation et je passe le lendemain matin une échographie cardiaque.  Tous les examens programmés ont ainsi été réalisés  sur deux journées et le diagnostic tombe:  « l’IRM a montré que vous avez fait un petit AVC qui a affecté l’aire visuelle ».

Je suis autorisé à rentrer chez moi, avec  deux médicaments pour fluidifier le sang afin d’empêcher la possibilité de nouveaux caillots , un rendez vous pour février, et la consigne d’éviter tout effort et tout coup de sang.  Mon entrée dans l’année 2023 sera très sage et ma première résolution est toute trouvée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *