2018, l’année du renoncement pour l’UE
2018 s’annonce comme l’année du renoncement, des fractures et de la banalisation de l’extrême droite dans l’Union européenne. Pas de quoi pavoiser, même si la reprise de l’économie se confirme.
2018 s’annonce comme l’année du renoncement, des fractures et de la banalisation de l’extrême droite dans l’Union européenne. Pas de quoi pavoiser, même si la reprise de l’économie se confirme.
Jean-Claude Juncker ne voulait pas consacrer plus d’une demi-heure par semaine au Brexit. Trouver un accord pour solder les comptes du divorce avec le Royaume Uni lui aura coûté beaucoup plus d’efforts. Et il n’en tire aucun avantage. Son image reste toujours aussi mauvaise et l’Europe reste engluée dans la morosité et l’inquiétude.
Essai, profession de foi, manifeste ? « Faire l’Europe dans un monde de brutes » est un peu les trois. Enrico Letta nous livre son sentiment sur l’Europe, formule un diagnostic sans complaisance de ses faiblesses et soumet une série de propositions pour relancer la machine. C’est intelligent et intelligible, car débarrassé du jargon des eurocrates et des théoriciens de l’Europe.
Jean-Claude Juncker vit à 62 ans un conflit de génération. Son Europe, édifiée dans l’enthousiasme et parfois dans la souffrance, est aujourd’hui menacée par une génération de quadragénaires menée par le Français Emmanuel Macron, partisans de tout dynamiter pour la refaire à neuf et prêts à évincer les récalcitrants. Un cauchemar pour cet européen convaincu . Il a donc décidé de les combattre avant de quitter la présidence de la Commission européenne et de prendre sa retraite en 2019. C’était tout le sens de son discours sur l’Etat de…
L’attentat contre Charlie Hebdo a signé la fin d’une illusion. L’Europe sans frontières a constaté son impréparation face au terrorisme intérieur et a réagi en ordre dispersé. La France a instauré l’état d’urgence et des murs ont été érigés un peu partout pour repousser les terroristes, assimilés aux migrants dans une même peur. La journaliste italienne Giovanna Panchieri dresse ce constat amer dans « Il Buio su Parigi », récit d’une plongée dans les ténèbres commencée le 7 janvier 2015 au 10 de la rue Nicolas Appert à Paris, siège de l’hebdomadaire satirique.
Déception, irritation, désamour. Emmanuel Macron a brisé son image en Italie en marginalisant et en humiliant ses dirigeants. Le jeune président français va avoir beaucoup de difficultés pour renouer une relation de confiance avec la péninsule et à crédibiliser son credo pro-européen, mis à mal par une politique jugée « dirigiste, souverainiste et protectionniste ».
Le sourire dents du bonheur affiché par Emmanuel Macron le soir de sa victoire a rendu le sien à Angela Merkel et a réchauffé les vieux os de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. La vague populiste s’est brisée sur la France. L’Europe va pouvoir se mettre en marche. Mais attention, a averti la chancelière : « le charme ne durera que s’il y a des résultats à la clef ».
Emmanuel Macron est un homme lucide. Victorieux, il n’a pas encore gagné. Il compte de très nombreux ennemis acharnés à sa perte sur tout l’échiquier politique et s’il ne parvient pas à les neutraliser, son élection à la Présidence de la République aura été un feu de paille avant un long hiver pour la France.
Les Français inquiètent leurs partenaires. Défaitistes et aigris, ils sont en pleine détestation de l’Europe et sont tentés par l’aventure d’un vote extrême pour la présidentielle. Un choix mortel pour l’Union, et pour la France .
Une belle cérémonie sous le soleil de Rome, de mâles paroles et quelques traits d’humour. Mais les sourires affichés sur la photo de la famille européenne cachent mal le sentiment de malaise ressenti pendant le sommet organisé pour le soixantième anniversaire du traité fondateur. L’Europe colmate les fuites, mais ne parvient pas à se relancer, faute de capitaine et d’un cap pour l’avenir.