Ursula von der Leyen: la présidente « égopolitique »

Ursula von der Leyen: la présidente « égopolitique »

Ursula von der Leyen a pris la grosse tête. A force d’écouter ses courtisans la présenter comme la cheffe du gouvernement de l’Union européenne, elle s’y croit et elle exaspère les dirigeants de l’UE, ses mandants.  La Commission européenne est devenue sa chose.  Elle a brisé le collège, n’écoute que ses proches et se pique de faire de la politique étrangère sans réaliser les conséquences de son inconséquence. Son déplacement en Israël après les massacres commis par les terroristes du Hamas a été une suite de bourdes et elle va les payer  très cher.

Un sommet européen extraordinaire a été convoqué le 17 octobre en visio-conférence. « Il s’agit de rétablir la position et l’image de l’UE », explique un responsable  au Conseil européen, l’instance des Etat membres. La procédure est exceptionnelle, d’autant qu’un sommet ordinaire est prévu la semaine suivante. Elle témoigne de l’irritation dans les capitales après le cavalier seul d’Ursula von der Leyen, partie à Tel Aviv avec la présidente du Parlement européen Roberta Metsola témoigner de l’émotion provoquée par les massacres perpétrés par les terroristes du Hamas durant leur incursion.

« C’est respectable, mais en tant que présidente de la Commission, elle engage l’institution et l’Union européenne », souligne le représentant d’un Etat membre. Or Ursula von der Leyen est partie sans se concerter avec le Conseil et sans respecter la position arrêtée par les ministres des Affaire étrangères. Pendant son voyage, les autorités israéliennes ont demandé à 1,1 million d’habitants du nord de Gaza d’évacuer vers le sud et organisé un blocus.  Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont réagi en réitérant « le droit d’Israël à l’autodéfense, dans le plein respect du droit humanitaire international »,  lancé un appel « à autoriser l’accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments à Gaza » et réclamé l’ouverture de « couloirs humanitaires ».

« Nous l’avons dit en Ukraine et nous le disons à Gaza : on ne peut pas couper l’eau et tous les services à une population », a insisté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Mais il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Ursula von der Leyen a joué sa propre partition diplomatique avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou. « Nous sommes des amis d’Israël. Lorsque des amis sont attaqués, nous les soutenons. Israël a le droit et le devoir de répondre à l’acte de guerre du Hamas. Nous demandons la libération immédiate de tous les otages pris par le Hamas », a-t-elle affirmé. Pas un mot sur la nécessité de respecter  le droit international.

« Elle a donné au nom de l’UE un chèque en blanc à Netanyahou »,  s’est insurgé un responsable européen. « Elle a commis une erreur. On ne peut pas assimiler les palestiniens au Hamas. Elle  est tombée dans le piège et elle va le payer très cher avec les massacres à Gaza », a confirmé un diplomate de haut rang.

La nécessité d’une réunion des dirigeants européens s’est imposée pour arrêter les positions. « Si l’Union européenne apporte un soutien inconditionnel à Israël sans faire de différence entre les civils et les combattants à Gaza, et qu’ensuite Israël commet un nettoyage ethnique des Palestiniens, l’UE sera considérée comme complice par des millions de personnes de par le monde », a averti  Haizam Amirah-Fernández, spécialiste du monde arabe pour l’institut royal Elcano en Espagne . Ursula von der Leyen a rectifié le tir dimanche. Mais le mal est fait.

« Ce conflit a de nombreuses conséquences, y compris pour nous, au sein de l’Union européenne », a souligné le président du Conseil européen Charles Michel dans la convocation du sommet extraordinaire.  Les 27 ont publié peu après leur position commune qui sonne comme un rappel à l’ordre pour Ursula von der Leyen.

Le sommet va être l’occasion d’une « discussion honnête et franche ». La formule laisse comprendre que la présidente de la Commission va devoir s’expliquer. Ursula von der Leyen considère son action comme légitime. « La Présidente peut se rendre là où elle le désire. C’est son droit le plus strict en sa qualité de présidente de la Commission et elle continuera à le faire à l’avenir », a affirmé son porte-parole. Mais les dirigeants sont en droit de lui reprocher ses erreurs. Le chef du gouvernement italien Mario Draghi l’avait accusé lors du sommet de Prague début octobre 2022 d’avoir un « déficit cognitif » parce qu’elle tardait à réagir pendant la crise provoquée par la flambée des prix de l’énergie.

Mardi, c’est sa gestion de la Commission européenne qui sera mise en cause. « A force de lire et d’entendre dire dans la bulle que la Commission est le gouvernement de l’Europe, elle s’y croit », tonne le représentant d’un Etat membre. « Elle est élue par le Parlement après voir été nommée par le Conseil pour gérer un système administratif avec des compétences », rappelle-t-il. Les traités sont clairs: la Commission est « l’organe d’exécution » des politiques et des actes adoptés par le Conseil et le Parlement. Et la politique étrangère reste une prérogative des Etats qui désignent un haut représentant avec rang de Vice-président sans consulter la présidente de la Commission.

Mais Ursula von der Leyen n’a que faire de ces subtilités. Elle est populaire , elle est encensée dans la presse, elle incarne l’Union européenne dans le monde, elle ignore le président du Conseil, le belge Charles Michel, et méprise le chef de la diplomatie européenne, l’Espagnol Josep Borrell.

Son ego irritait, mais était pardonné car elle faisait le job en bonne prestataire de services. Elle a fourni les instruments demandés par les Etats: vaccins, plan de relance avec un grand emprunt, assistance financière à l’Ukraine. Son fonctionnement avec un petit cercle de collaborateurs était adapté aux crises.

Mais elle a cassé le jouet et commencé à dériver pour s’aligner sur les Etats-Unis. Le sommet extraordinaire intervient quelques jours avant un sommet UE-USA à Washington où Ursula von der Leyen sera reçue comme une princesse par le président Joe Biden. Mardi,  il va lui être rappelé que, certes, les négociations commerciales sont une compétence exclusive de la Commission, mais avec un mandat du Conseil qui doit approuver le résultat pour le faire transmettre au Parlement européen.  « La Commission le sait et elle déteste ce rappel. Mais elle doit être contrôlée, car les gens n’admettent pas les pouvoirs opaques qui décident en leur nom . Cette folie de la Commission fait le jeu des populistes et des anti-européens ».

 

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